Auteur : Blanc Yoan
Contact : blanc.yoan@laposte.net
Site Web : http://www.e440.org
Historique :
06/02/2002 : premier jet
12/11/2002 : mise à disposition du public

Lundi c'est ramolli !

Ce par quoi tout à commencé :

Je reçus cette lettre un lundi matin, le facteur sonna pour me donner mon courrier. Je me souviens bien car ce n'était pas le même que d'habitude, sans doute l'homme plaisant et drôle habituel se la coulait-il douce quelque part en Dordogne, son pays natal. Ce postier ci se présenta sous les traits d'un homme taciturne, peu loquace et sûrement adepte des clubs de sport, et non pas parce ce qu'il portait un short aux couleurs du drapeau américain.

- Lucien Borgis ? me dit-il d'un ton qui aurait fait passer mon ancienne prof d'histoire pour sympathique.
- Oui ! lui répondis-je aussi sec, et c'est mon dernier mot ! ajoutais-je afin de m'assurer que son sens de l'humour lui faisait effectivement défaut.
Et son poing parti à la rencontre de mon visage, déjà suffisamment tuméfié par un réveil fort proche de la patte de mon nouveau postier. N'étant pas du genre à me laisser abattre je tombais sur le sol afin de recouvrer mes esprits, lorsque cet imbécile heureux tomba à son tour pour que nous nous étreignions dans un ballet dont seul lui connaissait la chorégraphie. Mais ce voyage au pays des acariens me redonna l'énergie suffisante pour lui assener un coup de pied dans les couilles qui me permit de reprendre le dessus dans cette lutte matinale. Un tombé du coude dans le sternum acheva de l'achever, et tombant à genoux à son chevet je pus enfin lui demander :
- Vous êtes nouveau dans le quartier ?.
De toute évidence peu sensible à mon humour ce dernier m'appris qu'il travaillait pour quelqu'un qui, de toute évidence, ne voulait pas révéler son identité. Mais mon métier m'a appris à me méfier des évidences, aussi j'offris à mon hôte le postier un grand coup de boule dans le nasou afin de l'aider à me dire qui l'envoyait. Je ne saurais jamais si ce fut mon hospitalité toute gauloise ou bien la menace de lui épiler les poils de ses parties intime uns à uns qui le rendit plus bavard mais j'appris bientôt qu'un certain Emile Horla était intéressé par mes services.
- Et en quoi un écrivain à la mode désire t-il s'allouer les services d'un tueur à gage ? dis-je dubitativement ?
- Un jeune auteur, profitant de l'attirance de mon patron pour les jeunes éphèbes, a dérobé le manuscrit de son dernier roman, et il veut que vous le récupériez, me répondit-il dans un français que j'aurais cru difficilement possible venant de la part d'un gorille fraîchement époilé et soigneusement huilé.
Et il me tendit le fameux pli :

Monsieur Lucien Borgis,

Connaissant vos talents divers et variés, et compte tenu de l'embarras dans lequel je me trouve actuellement je vous prierai de bien vouloir retrouver le manuscrit de mon dernier livre, que m'a dérobé ce sale petit con de Victor Mulot, jeune écrivain qui monte et que j'ai eu le malheur de prendre sous mon aile afin de l'aider à peaufiner un style qui était à chier. Il a profité de mon sommeil pour s'échapper de ma maison avec le fruit de plusieurs nuits de travail acharné.
Bien entendu, votre prix sera le mien. Vous trouverez dans cette enveloppe le nécessaire à votre recherche.
Veuillez pardonner mon majordome pour cette intrusion matinale mais il fallait que je sois certain de votre talent.

Bien à vous,
Emile Horla, écrivain à la mode.


Ce à quoi je répondis à mon nouvel ami, entre temps détaché et devant un bon café-kleenex que je n'étais point détective privé mais tueur à gage, ce qui fait quand même une légère différence :
- Mon nouvel ami, lui dis-je donc, je ne suis point détective privé mais tueur à gage, ce qui fait tout de même une différence non ?
- Votre postier, absent pour quelques jours de vacances en Dordogne, me répondit-il, flattant ainsi mon ego matinal, a aisément avoué que vous receviez plus de factures que de lettres d'amour. Pensez vous que refuser une mission qui pourrait être lucrative serait une erreur étonnante venant d'un homme de votre classe ?
Ce n'est pas ma faute, mais moi, je ne résiste pas aux mots doux. Et moyennant une somme rondelette, j'acceptai avec joie de rendre à ce M. Horla son précieux manuscrit.
-Un croissant ?


Bein quoi ? Faut bien vivre…

Je passais donc la journée à étudier les pièces que Horla avait mises à ma disposition. Etait donc étalés devant moi l'adresse de Victor Mulot, des photos de lui, et une liste de ses habitudes. Ce jeune homme fréquentait régulièrement un bar pour hommes joyeux, roulait dans une petite voiture bleu ciel, faisaient ses courses chez l'épicier de son quartier et, ce qui n'allait pas faciliter ma tâche, aimait recevoir.
Prenant mon courage dans une main et les clés de ma voiture dans l'autre, je décidais donc d'aller en repérage. Je fus obliger de lâcher mon courage afin de prendre plutôt mon appareil photo, plus utile dans cette phase de la mission, puis je pris ma voiture pour me rendre à l'adresse indiquée. Manque de bol supplémentaire Totor vivait au 3eme étage d'un immeuble. Je devrai donc faire preuve de malice, d'astuce voire de machiavélisme afin de m'introduire chez ce jeune auteur. Je fis le tour du bâtiment mais ne trouvais aucun escalier de secours, ni échelle, après tout l'action ne se situe pas en Amérique.
Qu'est ce que je peux envier mes collègues américains, des escalier de secours, des portes de jardin en simple moustiquaire, des armes en libre service, des flics souvent inefficaces… Le paradis du tueur à gages en somme. Enfin, passons et faisons fis de l'envie. Plusieurs possibilités s'offrait à moi : Entrer, tuer, récupérer, ce qui est avouez-le une solution certes fort amusante mais peu recommandable ; soit entrer, parler, tromper, fouiller, voler, possibilité plus réaliste mais demandant aussi plus d'effort. Voilà le cruel dilemme auquel j'étais confronté. Vous l'imaginez bien un homme exerçant ma profession n'a pas l'habitude de faire dans la demi-mesure et mon habitude était de tuer, j'optai donc après mûre réflexion, pour la première solution.
Le tout était de trouver le moment propice pour agir, en effet, car comme je l'ai dit plus haut mon jeune éphèbe aimait recevoir, et le moins il y aurait de monde, le mieux ce serait. Non pas que tuer quinze personnes me dérange, que vous puissiez penser ça m'attriste au plus haut point, mais considérons le problème de façon plus pratique, et ne me dites pas que je vous prends pour un idiot, vous l'êtes. Je devrais sûrement passer quelques minutes dans l'appartement une fois le plus dur fait, et ce afin, je me permet de vous le rappeler, de retrouver ce fichu manuscrit. Si je m'éternise à tuer une quinzaine de personnes, il est pratiquement certain que les futurs dégâts collatéraux prendront un malin plaisir à me compliquer la tâche en criant et pestant contre le mauvais sort qui m'a mis sur leur chemin, et contre leur hôte que de toute façon, ils n'ont jamais aimé. S'en suivra un voisin, qui va prévenir la police et moi je serais comme un con. Alors non merci ! Je planque, j'attends que moins de cinq personnes ne l'accompagne, quelques grammes de plomb dans ce monde de prunes et on dégage une fois la maison sans dessus dessous. Je prends soin de foutre le bordel, et d'emporter avec moi quelques objets précieux qui ne manqueront pas d'être sur place, et ces cons de poulet penseront à un cambriolage raté, maintenant, si tu trouve, cher lecteur, que mes phrases sont un peu longues, sache que je vais de ce pas placer un point afin que ton esprit essoufflé par autant d'intelligence puisse retrouver son rythme normal, donc le voici, le très attendu .


Action Baby

Il est assis en face de moi, un verre d'eau à la main et le visage incrédule, non il n'a jamais entendu parler d'un tel manuscrit, non il n'est pas homosexuel, non il n'a jamais couché avec Emile Horla, il n'a jamais ne serait que lu un de ses livres.
Alors moi cher lecteur, je me dis qu'il se fout de ma gueule, et je pense que vous auriez pensé pareil, il mérite une bonne leçon ne trouvez vous pas ?
Mon enveloppe corporelle se met alors en branle afin que nos deux corps émettent un bruit sourd rappelant celui d'un poing sur un nez mais il me semble alors que cette avant dernière n'est pas suffisamment affranchie et mon cul reste collé comme un con sur l'assise où il sied.
La tronche en biais, qui n'a pas fait un mouvement pour essayer d'esquiver ma tentative ne peux retenir un petit rire au moment où je m'aperçois que je suis maintenu à ma chaise par mon postier, pas le vrai, celui de ce matin.
- Mais qu'est ce que c'est que ce bordel ? crie-je dans un élan de mauvaise humeur
- Pas bouger me dit l'autre.
Et une aiguille, souhaitant ardemment violer mon épaule fais irruption dans mon histoire. J'ai tout à coup sommeil, mes paupière son lourde, je n'entends plus que sa voix, à trois je sens bien que je vais dormir… un… deux… trois… Je dors !
Mais avant de sombrer dans l'oubli je discerne sa voix annonçant d'un ton moqueur au sale traître
- Ce n'est rien, il a encore fait une crise. Laissons le dormir ça ira mieux demain…

:::::::::::::::: FIN :::::::::::::::


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